ZeBloc est allé à la rencontre d’Hélène Collin, fondatrice de la marque d’accessoires de grimpe éco-responsables Symbioz. Voici son interview.
ZeBloc : Qu’est-ce que Symbioz?
Hélène : Symbioz Climbing est une microentreprise Française, basée au Pays Basque, qui fabrique du petit matériel d’escalade écologiquement et socialement responsable! Notre produit far, le sac à magnésie est fabriqué à la main, principalement à partir de tissus recyclés, récupérés qui auraient autrement été jetés. Lorsque nous devons acheter du matériel pour nous ou pour la revente,
nous faisons en sorte de limiter au maximum notre impact carbone, et nous favorisons les petites entreprises locales qui partagent notre éthique! Au quotidien, cela rend la tâche plus difficile, nous devons faire beaucoup de compromis pour garder notre intégrité, mais cela vaut le coup de faire les choses différemment! Symbioz est encore une toute petite entreprise, mais en grandissant, nous aimerions suivre un modèle de développement à l’équilibre (sans croissance superflue…) et écologiquement viable.
ZeBloc : Vas-tu rester sur les produits actuellement en catalogue ou as-tu en tête des produits supplémentaires (crashpads ou autres) ?
Hélène : Oui, j’aimerais agrandir notre catalogue avec des produits supplémentaires. Tout d’abord des sacs à cordes et matériels. Salomé Romain nous a envoyé un sketch de son « sac idéal » et on travaille sur un prototype. Ensuite, on aimerait travailler un peu plus avec les professionnels notamment les ouvreurs, nous avons créé une ceinture d’ouvreur en matériaux recyclés qui est actuellement en test chez
nos amis de The Roof Euskal Herria, puis sera bientôt disponible pour l’équipe d’ouvreurs ST CLIMBING. Et puis d’ici un an, j’aimerais agrandir la gamme textile avec des habits urbains, mais fonctionnels, pour passer directement du bureau à l’escalade en salle/extérieur. Cela prend du temps de trouver des partenaires Français, qui partagent notre philosophie, mais ce projet est en bonne voie,
attendez vous à de bonnes surprises! Et enfin…nos propres crash pads! J’en rêve bien-sûr, surtout un modèle avec une housse entièrement recyclée qui se transforme en canapé confortable pour la petite bière d’après entre amis! C’est un produit technique qui engage la sécurité des grimpeurs, donc l’idée germe, et pour l’instant on ne fait que s’informer sur le sujet, mais c’est dans nos projets…
ZeBloc : Qui est derrière Symbioz?
Hélène : Derrière Symbioz, il y a moi, Hélène Collin, qui répond à ces questions.
Légalement pour l’instant, Symbioz fonctionne en autoentreprise, mais j’avoue que j’ai énormément d’aide bénévole de la part de notre communauté de grimpeurs locale, la famille et les amis bien-sûr! Je sollicite aussi beaucoup mon partenaire de vie, qui pour moi fait parti de l’entreprise car il est là au quotidien et pour chaque grande étape que nous avons eu à traverser ensemble. J’ai la chance d’être bien entourée par des passionnés qui croient au projet, ils y ont parfois cru plus que moi et c’est ce qui a permis à Symbioz de prendre son envol en toute sérénité. Merci à eux! J’aimerais bien sûr agrandir l’équipe bientôt avec des gens aussi investis que moi. Enfin, derrière Symbioz, il y a nos ambassadeurs:
Salomé Romain, Svana Bjarnason, Yo Fraisse, Symon Welfringer, qui croient en nos valeurs et font avec les aléas d’être soutenus par une petite entreprise…
Merci à eux de nous faire confiance et d’avoir parié sur nous!
ZeBloc : C’est donc principalement toi qui conçoit, cherche les matériaux, les assemble et vend les produits ?
Hélène : Oui! J’avoue que les journées sont parfois longues et fatigantes, mais en deux ans, je n’ai jamais douté du projet ni ai eu l’envie de lâcher prise… Heureusement, je suis bien entourée, avec des amis à l’écoute qui m’aident à prendre des décisions et soutiennent la plupart de mes idées farfelues, donc cela fait un gros poids en moins à porter à la fin de la journée.
ZeBloc : Comment l’idée de créer Symbioz est-elle venue?
Hélène : A l’origine, je suis Biologiste Océanographe. J’ai choisi ce métier car depuis toute petite, j’ai un amour infini pour la nature, notamment les océans. Cet amour pour la nature a grandi d’autant plus quand j’ai commencé le bloc en 2008. J’ai travaillé dans le milieu de la recherche fondamentale pendant presque 10 ans, au bout desquels je me suis rendue compte qu’étudier la nature pour la protéger ne
suffisait pas, mais qu’il fallait changer les choses sur le terrain. J’ai donc arrêté la science, j’ai voyagé pour faire du bloc dans des endroits plus magnifiques les uns que les autres, j’ai fait du bénévolat pour des ONG… Pendant mon périple d’un peu plus de 6 mois, j’ai atterri au Pays Basque où j’ai rencontré une communauté de grimpeurs engagés. J’ai posé mes valises et l’idée de Symbioz a germé: rendre acteurs les amoureux de l’escalade et de la nature en fabriquant des produits issu d’un mode de production durable, humain, et respectueux de l’environnement.
Cela a pris un peu plus de deux ans pour tout mettre en place; ne venant pas du milieu du commerce ou de l’industrie outdoor, j’ai dû me former sur pas mal de choses seule, ou grâce à mon entourage. Maintenant que Symbioz est lancé, je crois plus que jamais que tous ensemble, nous pouvons changer notre mode de consommation et le rendre plus vert!
ZeBloc : Pourquoi le Pays Basque?
Hélène : Ahah! C’est vrai que pour une pratiquante assidue de bloc, j’aurais dû considérer Fontainebleau! Blague à part, j’ai eu la chance il y a longtemps de découvrir le Pays Basque lors de mes études, et de tous les endroits où j’ai vécu, c’est au Pays Basque que je me sens le mieux, à la maison. La qualité de vie est incroyable, entre mer et montagne, il est possible de surfer et de grimper dans la même
journée. Ici, on trouve encore des spots de blocs peu fréquentés, qui fonctionnent au bouche-à-oreille, dans un cadre très sauvage, c’est rare de nos jours…
J’affectionne aussi beaucoup l’identité socio-culturelle forte du Pays Basque, et puis… la gastronomie. C’est aussi une région très progressiste sur certains aspects, notamment en ce qui concerne l’écologie et l’économie locale. C’est dans cet environnement favorable au changement que j’aimerais faire grandir
Symbioz.
ZeBloc : Quels spots de bloc recommanderais-tu au Pays Basque (je ne connais que le Jaizkibel, mais c’est en Espagne ;o)). Tu es obligée de me donner un top spot secret là !
Hélène : Ahah…On est peut-être un peu protectionnistes de nos spots locaux ici, donc ils ne sont pas très connus, mais les choses commencent à changer!
En effet, le Jaizkibel est là oû nous grimpons principalement, ce beau grès qui surplombe l’océan! C’est un spot encore peu fréquenté au final et l’accès y est facile, c’est agréable.
Le spot le plus connu et le plus familiale côté Français est le Mondarrain, sur la commune d’Itxassou.. Il y a aussi pas mal de voies de moins de 20 mètres, donc c’est un spot parfait pour ceux qui pratiquent plusieurs disciplines, ou qui débutent, en plus la vue est imprenable!
Un spot plus technique et moins accessible est le Laxia. Les blocs sont dispersés dans une forêt dense, le topo est sommaire, l’escalade y est technique, un peu dans le style de Fontainebleau.
Un site dédié à l’escalade de bloc au Pays basque vient d’être créé il y a quelques mois: Euskalbloc
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