Bien sûr, le petit monde du bloc connait sans doute Daniel DULAC pour ses résultats en compéts, dont ceux de l’année 2004 où il cumula Championnats de France, d’Europe et Coupe du Monde, excusez du peu… Mais Daniel est un touche-à-tout : glace, alpinisme, Kayak, vie fédérale… Et pour faire comme tous les médias en ce moment (qui ne l’a pas entendu à France Inter ou vu à Stade 2?), ZeBloc est allé à sa rencontre pour essayer de lui poser d’autres questions que : « Et vous grimpez vraiment à mains nues? »…
Zebloc : Qui es-tu? D’où viens-tu? Que fais-tu? (comme çà c’est fait ;o))
Daniel : Un excellent grimpeur du dimanche! Je suis né à Montpellier, mais j’ai grandi en Lozère.
Aujourd’hui, ça fait dix ans que je me suis installéà Grenoble! Une vie « citadine » que j’apprécie, mais dont je m’évade très rapidement car je ne résiste pas à l’appel d’autres horizons.
Sinon, je suis guide de haute montagne quand le temps me le permet, et je grimpe…
Zebloc : Il parait que tu es un touche-à-tout. Quels autres sports pratiques-tu de manière régulière?
Daniel : J’ai en effet baigné dans le plein air ou j’ai acquis une vraie polyvalence. J’ai même eu un bon niveau en kayak de rivière; mais aujourd’hui, quand je ne grimpe pas ou que je ne suis pas en montagne(ski, glace, alpinisme), je fais du ski de fond et du vélo! Ca met la caisse, et ça permet de faire des distances assez importante: tu glisses et tu
vois du pays.
Zebloc : Es-tu réellement un grimpeur pro (au sens sportif du terme, qui ne vit
que de ses sponsors et des primes) ou es-tu obligé de compléter par d’autres
activités (guide ou autre)?
Daniel : Oui je gagne ma vie gràce à Millet, Petzl, et la ville de Grenoble. Cependant, on ne peut pas dire que je gagne de l’argent! Les primes compète,ça met du beurre dans les épinards! Je n’en gagne pas assez (à 2300€ une victoire en coupe du monde, il n’y
a que Chabot ou Levet qui peuvent gagner leur vie comme çà)!. Mais c’est un luxe de pouvoir vivre de sa passion, alors je ne me plains pas. Pourtant, c’est pas évident tous les jours.
Zebloc : Il me semble que tu es l’un des rares grimpeurs français à aussi bien te
débrouiller au niveau des sponsors alors qu’on ne te voit jamais, comme certains, annoncer des répétitions de cotations délirantes? C’est par contre toi qu’on voit à la télé ou qu’on entend à la radio.
Comment expliques-tu cela? Es-tu vraiment agressif (dans le bon sens du terme) dans tes démarches envers les sponsors, ou est-ce parceque tu es beau ?
Daniel : On m’a reproché dernièrement que j’étais trop poilu, et que torse nu à la télé ça donne pas une bonne image! Donc ça ne doit pas être gràce à mon physique.
Je fais déjà de la compétition, ce n’est pas pour être encore en confrontation en site naturel: je refuse cette course à qui fait la cotation la plus dure. Je trouve que cette inflation importante des cotations discrédite l’échelle de difficulté en escalade.
Le quidam n’y comprend déjà rien, en en plus trop souvent les premiers ascentionniste sur-évaluent la difficulté, il n’y a plus d’auto-censure, ni de censure entre les grimpeurs eux-même.
Et parfois, certains grimpeurs claquent du 9b avant même d’avoir fait du 9a ou 9a+. Sans parler des polémiques des suspitions:
– taille de prises! Prises qui grossisent ou rapetissent!
– grimpeurs qui ne font que les voies qu’ils ont ouvertes, sans jamais répéter les voies d’autres grimpeurs d’un même niveau.
– grimpeurs dont on a du mal avoir la certitude qu’il ont fait ou pas fait une voie!
– voie ou bloc introuvable, ou ,il faut un mode d’emploi pour faire « LE » 12z de l’ouvreur (la prise de départ, la main, l’arrivée, repos non autorisé).
– voie ou bloc au fond d’une cave, en condition 1 mois dans l’année.
– Voie ou bloc démesurés (tout petit ou très grand).
– Prolongation, variante, traversée avant la voie!
– Bloc existant dont on rajoute un départ assis, couché, ou en traversée parfois tirée par les cheuveux!
– avec trois dégaines pré mousquetonnées, une bac de repos qui n’est pas dans la voie, dégaines en place ou non, magnésie ou non?
Bon je me fais l’avocat du diable, mais on en voit ou en entend de toutes les couleurs.
Il y a trop d’imposture, un manque d’humilité, quelque chose de pervert qui me gène. Donc je ne cours pas après la cotation, mais plutôt après le plaisir de grimper, la beauté d’une ligne, et si c’est difficile, tant mieux la fierté personnelle en est plus grande.
Pour moi, la quintessence de la grimpe se trouve dans le solo (on ne peut pas tricher, on est d’ailleurs des poussins de quinze jours quand on regarde 20-30 ans en arrière ce que nos pères faisaient), et dans les grandes voies de haute difficulté.
Par rapport aux médias et sponsors, je ne suis pas agressif.
Non ma démarche est tout autre, et je me suis structuré avec le temps, j’ai travaillé dans la durée c’est tout.
Le sport me prenait tout mon temps, il fallait que je puisse en vivre pour pouvoir continuer à ce rythme! La question a été la suivante: qu’est ce que je peux faire pour que mes sponsors me donnent de l’argent en plus du matos? C’était en 98, je suis venu vers eux fort de ma petite notoriété, avec un projet sportif sur 3ans.
Un projet, ou j’ai pris en compte l’ensemble du système sportif. C’est à dire répondre aux besoins de mes sponsors en étant surtout un bon embassadeur.
Jouer le jeux des médias, accepter de se trouver en face d’une caméra ou d’un micro, en étant à la hauteur de leurs attentes.
Bref être disponible, et faire de belles photos pour véhiculer des valeurs, des images,
du rêve?
Les clefs de ma réussite? Ma polyvalence, ma disponibilité, ma constance, mon accessibilité, mon travail.
Sur le plan pratique, j’envoie des communiqués de presse pour annoncer mes projets, ou réussites sportives (une petite dixaines par an).
Petit à petit, je suis en effet devenu un sportif référence pour les médias nationaux. Avant, je me retrouvais parfois avec Liv Sansoz ou Patrick Bérault dans des émissions ou conférences de presse.
Aujourd’hui, je regrette sincèrement que d’autres grimpeurs ou alpinistes ne communiquent pas plus auprès des médias pour parler de ce qui les passionne.
C’est à croire que les grimpeurs forts préfèrent rester dans leur coin et qu’ils ne peuvent ou ne veulent raconter et interresser le grand public.
Pourtant, l’escalade ou l’alpinisme ont toute leur place dans le grand public. On est un pays de montagnes, de falaises, de murs artificiels, ou en 20 ans l’escalade à pris une place énorme en milieu scolaire.
Sur le plan sportif, on n’a pas à rougir de nos disciplines en compétition. On a en plus des champions aux palmarès très impressionnants (Levet, Chabot, Legrand, Sansoz, …).
Zebloc : Quel est ton spot de bloc préféré et tes blocs préférés?
Daniel : Fontainebleau, c’est la mecque, j’adore comme beaucoup. Tigre & dragon, de la terre à la lune, la joker, la prestat, …, pour ne citer que quelques beaux blocs que j’adore refaire de temps en temps.
Zebloc : Où grimpes-tu en ce moment?
Daniel : Je rentre du Mali, ou j’ai pu faire en libre Harmatan rodéo, un superbe voie de presque 400m laissée orpheline par les ouvreurs Américains. Entre 7a et 8a tout du long, c’est pas si dur en chiffre!
Mais c’est l’afrique, et j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois. Du coup, j’ai du mal à me motiver pour tirer fort sur la résine! C’est pas tout à fait la même ambiance!!
Zebloc : Quels sont tes projets grimpe cette année 2006?
Daniel : Rester au plus haut niveau possible en éequipe de france pour être le mieux placé possible l’année prochaine au championnat du monde.
Zebloc : Passons aux compéts. Il me semble que l’intérêt pour les compéts de bloc
diminue alors que ce n’est pas le cas pour les compéts de difficulté. Es-tu d’accord avec ce constat?
Daniel : Oui, il y a une stagnation comme il y en a eu une pour les compètes de difficulté et il n’y a pas encore de circuit français donc on a l’impression que l’intérêt baisse. Mais ça ne me fait
pas souci.
Zebloc : Que proposerais-tu pour améliorer la visibilité des compéts de bloc?
Daniel : Que la fédé internationale se bouge pour passer un partenariat avec une boite de prod, et que l’on puisse suivre les compètes sur eurosport ou autre.
Zebloc : As-tu toujours un rôle à la FFME? Si oui quel est-il et pourquoi t’y investis-tu?
Daniel : Oui, je représente le haut niveau au comité directeur. Mais je ne peux prendre plus de responsabilité donc, je suis présent aux moments importants pour apporter mon expérience, ma vision du terrain, défendre des idées, et des budgets.
Zebloc : Etais-tu à la démo de Bardoneccia pendant les JO de Turin? Qu’en penses-tu de la grimpe olympique?
Daniel : Non, l’escalade au JO se fera naturellement, et je n’ai pas voulu grimper à Bardo,
car j’ai jugé que ça n’aurais pas beaucoup d’influence, et qu’on ne peux être partout. Imaginez les journalistes qui couvrent les JO, ils sont sur-bouqués pour passer d’un site à l’autre, et pour moi cette démo n’est pas au bon moment.
Zebloc : Qui est le meilleur grimpeur du monde?
Daniel : Yuji pour les 20 dernières année, si c’est une femme, Lynn Hill mais que dire de Preuss, Pierre Allain, Bonatti, …
Zebloc : Quelle est ta blague préférée du moment?
Daniel : Pourquoi les grimpeurs aiment bien les blondes?
Ils sont attirés par le vide… sic!
pillet eric a écrit
j’sais pas si ça à commencé là , mais deja tres fort ??? à la chapelle en vercors !