La Climbing Attitude est une initiative née début avril 2007.
Comme j’avais un peu de mal à me faire une idée sur le bien-fondé de l’affaire et les éventuelles arrières-pensées des créateurs, je me suis dit qu’une petite interview m’aiderait, et aiderait peut-être les lecteurs de ZeBloc à comprendre le pourquoi du comment.
Qui est à l’origine de cette initiative? Est-ce vraiment un plus par rapport aux appels à la bonne conduite des grimpeurs que l’on trouve ici et là (voir le guide ZeBloc pour les grimpeurs de bloc ou encore le Pacte Momologique de Moctarwalid)? Est-ce un rejeton de l’Access Fund? D’aucun se demandent aussi si ce n’est pas une réaction « écologique » afin de contrer les idées des autres (par exemple ceux qui recyclent les cordes en cintres…)! Bref, la Climbing Attitude ne fait pas l’unanimité dans le monde de la grimpe.
Alors voilà, je balance un mail et, première surprise, c’est le service commercial de chez BEAL qui me répond. Pour une association à but écologico non lucratif de défence des grimpeurs, çà me semble mal engagé.
Mais, seconde surprise, malgré certaines questions un peu polémiques, j’obtiens rapidement des réponses, même si toutes sont loin de me convaincre. Voilà, je vous livre l’interview, et je vous rappelle qu’une discussion est engagée sur le forum de ZeBloc.
Zebloc : Pouvez-vous en quelques mots expliquer le fonctionnement et le but de la Climbing Attitude?
Beal : Climbing Attitude est avant tout une prise de conscience (point de départ de toute évolution positive) face aux risques de restrictions voir d’interdictions que courent certains sites d’escalade.
« Victime » de son succès, pour continuer à se développer durablement et librement, l’escalade et les grimpeurs doivent avoir à l’esprit un certain nombre de règles de bonne conduite. Des règles basiques, et connues de tous , appliquées par la plupart , certes, mais qu’il faut parfois rappeler… surtout quand elles ne sont pas appliquées spontanément.
Climbing Attitude s’exprime via un site internet, dont l’objectif est d’informer des problèmes et de proposer des solutions. Il s’agit d’un lieu, où, une fois inscrit en tant que sentinelle, l’on pourra informer la communauté de la vie d’un ou plusieurs sites dont on voudra bien être l’observateur (en accord avec le local). Ce site doit aussi permettre de lancer et soutenir des initiatives, telles que les clean up days, les campagnes de sensibilisations et autre (le conventionnement, l’équipement, …) .
Zebloc : Justement, au sujet des sentinelles. Comment pouvez-vous assurer leur légitimité? Allez-vous les « auditer » ou enquêter sur leurs aptitudes?
Beal :Nous comptons sur la bonne volonté, et l’honnêteté de chacun pour la « surveillance » des sites. L’idée n’est pas de contrôler mais simplement d’avoir un œil sur chaque site pour faire part de la vie et des soucis éventuels de ce dernier. De ce fait, nous n’avons pas de travail d’audit à effectuer en amont, dont nous n’avons d’ailleurs ni la légitimité, ni la volonté !
Zebloc : Quelles vont être les actions supplémentaires à celles affichées sur le site de la Climbing Atitude?
En même temps, Climbing Attitude va soutenir des actions concrètes sur le terrain.
Beal :Climbing Attitude offre un espace d’expression, supplémentaire, sur le net pour des projets, des idées. Mais Climbing Attitude va aussi soutenir sur le terrain les clean up days, les campagnes de sensibilisation et de mobilisation…
Climbing Attitude va faire de son mieux (financièrement et humainement) pour aider quiconque voudra œuvrer dans le sens d’une pratique de l’escalade durable. C’est pourquoi nous en appelons au soutien et à l’implication des grimpeurs, des professionnels de tous horizons, pour que cette action en soit pas qu’une douce utopie, mais prenne vie au travers d’actions concrètes, récurrentes et durables !
Zebloc : J’avoue avoir été un peu surpris, en essayant de contacter la Climbing Attitude par mail, de tomber sur le site de BEAL!!! Comment se fait-ce?
Beal :En effet, Climbing Attitude est une initiative Beal , comme c’est expliqué sur le site. Et nous avons, dans un premier temps, utilisé les outils que nous avions à notre disposition pour lancer ce projet (d’où l’adresse mail de beal-planet.com ).
Il faut rappeler qu’en 2000 et 2001, l ‘entreprise Beal avait lancé une campagne de Clean Up Days, en soutenant le premier du genre à Ailfroide, et en initiant deux autres dans les Calanques et à Fontainebleau. Depuis, elle s’est affichée aux côtés de l’association Spider Can pour le nettoyage de Canyon , du CMEL (Compagnie des Moniteurs d’Escalade du Littoral) pour le nettoyage de sites autour de La Ciotat, ou encore lors du clean up day de Céüse en partenariat avec la FFME. Beal a toujours cherché à développer l’escalade, et surtout de manière à respecter le milieu naturel !
Climbing Attitude va continuer dans cet esprit !
Beal est dans ce projet, l’initiateur. Sa structure et sa notoriété ont permis un soutien financier et humain du projet (création du site, stickers, badges, communication…). Mais nous espérons que les grimpeurs vont s’approprier l’action et faire vivre eux-mêmes cette dernière. Climbing Attitude est une action pour les grimpeurs mise en mouvement par des grimpeurs !
La création d’une structure « Climbing Attitude » indépendante et autonome (statut à définir précisément) est en cours. Climbing Attitude existe pour et par les grimpeurs et, plus globalement, les acteurs de l’escalade, en aucun cas cette entité n’a pour objectif de servir directement les intérêts d’une entreprise privée.
Si Beal peut être un incubateur d’une démarche globale ayant pour seul objectif la pérennisation d’une pratique durable, alors il est de sa responsabilité de le faire.
Zebloc : Annoncé comme un « une Grande Première Mondiale » sur le site de Béal, la Climbing Attitude ne me semble être qu’une « copie » de l’Access Fund. Je ne dis pas que c’est pas bien de copier l’Access Fund, je pense juste que le terme ‘Grande première mondiale’ ne ma parait pas vraiment adapté… Qu’en pensez-vous?
Beal :Vous avez raison, nous nous sommes, semble-t-il, empressés. Mais il faut dire que les grimpeurs qui travaillent avec Beal s’en sont tellement occupés, et étaient tellement enthousiastes que les mots ont peut-être dépassés la pensée…
Cependant, nous ne voulons surtout pas minorer les actions déjà présentes sur le terrain (Access Fund, Cleanupdays.com , la charte de moctarwalid.com…), mais simplement ajouter une force active dans ce combat pour l’escalade durable ! Force qui viendra soutenir l’action de nos homologues associatifs.
Zebloc : Peut-on envisager que la Climbing Attitude tente d’aider au rachat de spots comme cela est le cas avec l’Access Fund par exemple?
Beal :Ce n’est pas envisagé. Il faut des moyens colossaux pour pouvoir faire ce genre d’opération, et notre initiative n’en est pas capable financièrement.
D’autant plus que le but de Climbing Attitude n’est pas de contrôler les sites, mais bien des veiller simplement au fait qu’ils soient respectés.
Zebloc : En regardant la liste des ‘membres d’honneur’ , on se rend vite compte que, outre le fait qu’ils soient tous du team BEAL, il y a un certain nombre de recordmen de production annuelle de C02 du fait de leurs voyages nombreux et lointains. Croyez-vous que le fait que vos stickers soient en fécule de pomme de terre compense les émissions de gaz à effet de serre de vos membres d’honneur? J’ai un peu de mal à voir la logique de votre démarche.
Beal :Tout d’abords, il faut recentrer l’action de Climbing Attitude. Même si nous ne sommes pas pour le rejet de CO2 dans la nature et que nous sommes sensible à ce problème, l’objectif de Climbing Attitude se concentre sur le respect des sites d’escalade! D’autant plus, que d’autres acteurs sont déjà engagés sur ce terrain là : MontainWilderness et son concours « changer d’approche ». Ainsi, Climbing Attitude n’a de légitimité que sur le respect des sites d’escalade. Bien sur, nous souhaiterions aller plus loin concernant le respect de l’environnement mais le sujet est très vaste et ne peut être traité dans sa globalité par Climbing Attitude.
Il nous est apparu fondamental de bien définir les objectifs de Climbing Attitude pour pouvoir apporter des solutions concrètes et ne pas se perdre dans des idées et des débats trop larges.
Concernant les membres d’honneurs de Climbing Attitude, il est indéniable qu’ils voyagent, qu’ils émettent du CO2, comme tout individu qui respire et qui vie dans une société mécanisé. Nous avons choisi de mettre en membre d’honneur les grimpeurs du World Team Beal, internationalement reconnus qui vont nous permettre de toucher un maximum de personnes, de sensibiliser un maximum de grimpeurs.
Bien entendu, la liste des membres d’honneurs n’est pas exhaustive, et quelques soit l’origine des acteurs du milieu de l’escalade, nous sommes prêt à les y accueillir s’ils souhaitent s’engager dans cette action et profiter de leur notoriété pour aider Climbing Attitude à rendre l’escalade durable !
Zebloc : Quelle est la position de la Climbing Attitude par rapport à la FFME? Par exemple, lorsqu’il y aura des problèmes sur un site, qui va intervenir et quand? Y-at’il eu des discussions avec la FFME?
Beal :Si vous vous rendez sur la page des partenaires, vous pourrez constater que la FFME est partenaire de Climbing Attitude. Nos deux actions sur le terrain et sur internet vont se compléter et se s’entrecouper, comme cela l’est très souvent (pour des clean up days ou tout autre action). Vous pouvez d’ailleurs vous rendre sur le site de la FFME qui communique très clairement son positionnement et son engagement avec Climbing Attitude.
Zebloc : Croyez-vous que « les grimpeurs qui passent directement des salles d’escalade aux falaises, sans bien identifier que l’on passe d’un monde à un autre » (c’est une phrase extraite de la première page du site de la Climbing Attitude), soient les seuls à l’origine des problèmes observés sur les sites? N’est-ce pas tout simplement la surfréquentation de certains sites? Les grimpeurs « dits de falaise », puisque vous semblez les distinguer des grimpeurs « de mur », sont-ils exempts de tout reproche?
Beal :Il est évident, et c’est ce que nous mettons en avant dans le site, que c’est le développement exponentiel de l’escalade et la sur fréquentation des sites qui en découle, qui est à l’origine de ces problèmes. Partant de là, l’idée n’est pas de reprocher quelques dérives et dérapages connus (problèmes de parking, détritus,…), ni même de stigmatiser une pratique ou une autre, mais bien de sensibiliser sur les conséquences de ces dérives et de mettre en oeuvre les actions pour y remédier. D’où qu’ils viennent, quelque soit leur pratique, il est important que tous les grimpeurs se sentent concernés – c’est LE gage de la pérennisation de la pratique et le moyen d’une démocratisation responsable. C’est le sens de Climbing Attitude.
Climbing Attitude est là avant tout pour exposer les problèmes et y trouver des solutions. Nous attendons beaucoup de la mobilisation de la communauté des grimpeurs, pour que ces derniers prennent la relève et fassent vivre cette action. Climbing Attitude, ce n’est pas une façon de voir l’escalade, c’est une manière de vivre l’escalade et la nature.
Zebloc : Mais croyez-vous que ce soit un bon départ pour la Climbing Attitude que de stigmatiser les grimpeurs issus des murs urbains? Car c’est bien ce qui est fait sur la page d’accueil de la Climbing Attitude comme sur le dernier Escalade Mag. La plage de Buoux était un dépottoir bien avant que les murs se démocratisent!
Beal :Il n’a jamais été question de stigmatiser une quelconque façon de pratiquer l’escalade, comme nous l’avons dit dans notre première réponse.
Patrick Edlinger veut sûrement, simplement, sensibiliser la nouvelle génération de grimpeurs à des problèmes qui ont toujours existé, mais qui se sont accrus avec le développement de l’escalade.