Freestoner …
Zebloc : Peux-tu te présenter?
Marc : Dans le milieu je suis connu sous le sobriquet de P’tit Marc alias PM ou encore Marcouille. Je suis natif d’Annecy ou je réside d’ailleurs encore. J’ai 38 ans et je grimpe depuis l’âge de 12 ans après avoir fait pas mal de spéléo.
A une époque, j’ai participé à bon nombre de compètes et j’ai doucement dévié vers l’ouverture. J’ai vraiment commencé à ouvrir au Top Roc Challenge (ça date un peu) et encore aujourd’hui je bosse régulièrement sur des compètes nationales ou internationales.
Depuis quelques années j’ai lâché la corde pour principalement me tourner vers le bloc. En fait ce n’est pas vraiment vrai, je n’ai quasiment jamais fait de conti. Chez nous en Haute-Savoie, on ne peut pas dire que les voies soient vraiment très longues…
Ces dernières années j’ai également ouvert beaucoup de blocs, principalement à Bonneval-sur-Arc avec mes collègues Jérôme Gros, Jérôme Meyer et Christophe Minaudo. Des bons souvenirs !
Zebloc : Tu es à l’origine de Freestone, peux-tu nous raconter cette aventure? Comment çà a démarré?
Marc : A l’époque (une douzaine d’années) je grimpais beaucoup avec Cha, alias Eric Chanourdie. Nous avions tous les deux un pan perso avec quelques galets, quelques prises en bois et une ou deux prises en résines. Pas vraiment le top.
On s’est alors mis à shaper nos premières formes et à couler dans notre garage. Je pense qu’on a eu pas mal de chance, parce que çà a tout de suite plu aux différents grimpeurs qui ont grimpé dessus. On a donc commencé à commercialiser nos produits au sein d’une petite boite de spectacles de danse escalade où Cha travaillait déjà.
Quelques temps après, les gérants de cette société ont voulu arrêter les spectacles, on a repris la boîte et on a monté Freestone. Ensuite il y a eu la salle et tout le reste…
Grimpe familiale
Zebloc : Il semble que vous ayez pas mal ré-orienté vos activités ces derniers temps (mise en vente de la salle, arrêt de la fabrication de matériel…). Qu’en est-il exactement?
Marc : Il y a eu beaucoup de bruit autour de la salle et on a entendu beaucoup de choses autour de Freestone. Dans le monde de l’escalade, le téléphone arabe marche à merveille. C’est dingue ce que l’on a pu entendre à notre sujet…
Pour faire bref, aujourd’hui nous ne sommes plus que trois dans la société, Cha, sa femme et moi pour tout faire : conception des prises et du matos, commercialisation, compta, bureautique, boutique en ligne, conception du site, cours d’escalade, garde de la salle, ouvertures de compètes et des itinéraires dans la salle, maintenance du mur, ménage…
Au bout d’un moment ce n’est vraiment plus gérable, les journées ne font pas 48h ! Nous avons donc pris la décision de mettre la salle en vente et de nous réorienter vers notre activité principale et première qui est la prise d’escalade. Pour ce qui est du matériel, nous n’arrêtons pas, on va d’abord se concentrer sur les prises.
Zebloc : Et le fameux contest, c’est terminé ?
Marc : Ecoute, cette année pas de Contest, l’année prochaine pourquoi pas, si la salle est encore là, mais rien n’est encore décidé. Ce qui est sûr, c’est que nous avons toujours été motivés pour apporter de la nouveauté.
Le Freestone Contest a été le premier Contest en France il, y a maintenant 11ans (et oui déjà). Maintenant toutes les salles organisent un contest (avec plus ou moins de réussite), cela devient vraiment commun et peu original, même si le Freestone Contest reste une valeur sûre. Le seul point vraiment positif, c’est que la FFME a récupéré le système pour les qualifs de certaines compètes de bloc. Ça c’est cool, ça évite les isolements interminables.
C’est pareil pour les Freeclimb en bloc, on a été les premiers avec Petzl pour organiser un évènement de ce genre à Tralenta. Maintenant il y a le Melloblocco , les Roc Trip, etc, etc. Chez Freestone on aime l’innovation, et là on est sur un nouveau concept, mais chut, c’est top secret !
Zebloc : Les prises sont le fer de lance de la marque. Quel est le process? Où sont-elles fabriqués?
Marc : Pour le process, je crois que tout le monde connaît. On shape d’abord la forme de la prise dans de la mousse Pu, ensuite on coule du silicone autour pour faire le moule. Puis ensuite on coule dans le moule un béton de résine silice + résine. Tout simple et compliqué à la fois comme toute production. Actuellement nos produits sont fabriqués 100% en France, çà c’est cool !
Zebloc : Tes activités te laissent-elles le temps de grimper?
Marc : Ben honnêtement de moins en moins surtout que maintenant je suis le papa de deux petites filles. Bon je ne vais pas me plaindre, quand on garde la salle, on grimpe à fond si on n’est pas trop crevés de la journée de boulot. C’est sûr, on est sur place, çà aide au niveau de la motivation. Et puis il y a pas mal de jeunes qui viennent s’entraîner comme Loïc Gaidioz. Cà nous pousse au cul et çà permet de rester dans le bain. Sinon j’essaye de sortir le plus possible le week-end quand ma vie familiale le permet. Et puis il y a le snowboard l’hiver et la photo le reste du temps. C’est sûr, des fois c’est dur de faire le choix.
Mandala (8a+, Bishop)
Zebloc : Quels sont les plus beaux spots de bloc?
Marc : La question qui tue ! Le problème c’est que je ne les connais malheureusement pas tous !
Dans les spots que j’ai pu visiter c’est sûr il y’a de grands classiques comme Bleau, Rockland, Bishop ou le Peak où tu as toujours envie de revenir, c’est pas vraiment compliqué. Moi j’aime beaucoup les spots où tu peux te perdre, où il y’a un superbe paysage et où tu peux ouvrir de nouvelles lignes comme par exemple Annot ou Tralenta (pour n’en citer que deux).
Je crois que tu l’auras compris, tous les spots de blocs me font triper du moment où les lignes sont belles et le caillou incroyable. D’ailleurs cet été, je crois bien que je vais partir découvrir Santa Gadea.
Zebloc : Les plus beaux blocs que tu aies enchaînés (pas que dans la Yôte hein)?
Marc : J’en ai vraiment plein qui me viennent en tête, mais pour un petit top-five, je mettrais Miséricorde et Tigre & Dragon à Bleau, Démente Evidence à Tralenta, Mandala à Bishop et Atari à HappyBoulder. Et toi Gaby au fait, c’est lesquels ?
Secrets of Behieve (7a incroyable, Bishop)
Zebloc : Eh, c’est moi qui pose les questions ici. J’aimerais bien dire le Mandala mais j’ai pas eu le niveau de le faire rapidos. Sinon, High Plains Drifter à Bishop, Kingfisher à Orlu, Big Boss à Bleau, La Steppe à Ailefroide, Videomaniac à Targa, Yogano à Santa Gadea. Pas facile comme question, je reconnais… Mais dans ta liste, il n’y a rien à Rocklands. Cà me parait bizarre…
Marc : Rockland est un super spot, un des plus beaux de la planète, vraiment, mais désolé, dans les croix que j’ai réalisées, aucunes ne rentre dans mon top five.
J’ai toujours été étonné comme les grimpeurs peuvent être de véritables moutons. Parce qu’un spot est annoncé classe, alors tout le monde dit qu’il est classe (c’est pareil d’ailleurs pour les passages).
J’y suis allé il y a déjà longtemps et bon nombre de secteurs ont maintenant vu le jour. A l’époque les blocs que j’ai pu essayer étaient vraiment superbes, mais je trouve qu’il manquait un petit quelque chose, peut être les rétas. Je trouve que les passages de Rocklands terminent en queue de poisson. Avec tous ces baquets il n’y a pas vraiment de fin digne de ce nom, en tout cas dans ce que j’ai vu.
Par contre au niveau de l’ambiance, des couleurs, de la nature, Rockland arrive très certainement dans le peloton de tête.
Zebloc : Quoi de neuf en bloc dans ton coin?
Marc : Malheureusement pas trop de nouveaux spots sauf du côté de Cluses à la Maladière. Sinon on continue toujours de développer Tralenta. Y’a des petits secteurs qui s’ouvrent également en Maurienne.
Zebloc : Je croyais que la Maladière, c’était plein d’insectes dangereux ?
Marc : Et oui comme d’ailleurs dans beaucoup d’endroits (par exemple Rioupéroux, j’en ai chopée une l’année dernière). Bon après, maintenant qu’on le sait, il suffit d’éviter les périodes à tiques.
Marc chez les Sudafs
Zebloc : Qui est le meilleur bloqueur du monde?
Marc : Jéjé pardi, il est de Savoie 😉
Zebloc : De Savoie ou de Haute Savoie ? Parceque c’est pas pareil hein ! Moi, j’aimerais pas qu’on me dise que je viens des Pyrénées Atlantiques.
Marc : Jéjé, ça va pas lui faire plaisir, je lâche le scoop, mais en fait il est du Jura. Bon OK ça reste un autre grand pays du fromage, respect. Bon d’adoption il est quand même Savoyard, pas Haut-Savoyard, on est bien d’accord !